Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/283

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Et l’appaiſer par beaulx Dons precieux :
Ou par moyen de parler Gracieux.
    Agamemnon ſoubdain luy reſpondit.
Digne Vieillard, tout ce que tu as dict,
Eſt trop certain, la Faulte dont m’accuſes,
Fut par moy faicte il n’y a point d’excuſes.
Ie l’offencay, & voy bien que Ioutrage
À faict ſouffrir aux Grecs ce grand Dommage.
Iuppiter l’ayme, & l’homme aymé d’ung Dieu,
Tient en ung Camp de beaucoup d’Hommes lieu.
Et vault trop mieulx, qu’une Troupe effrénée,
Qui ne peult eſtre à peine gouvernée.
Mais tout ainſi que ſeul ie l’offenſay
Injuſtement, ie veulx faire l’Eſſay
De l’appaiſer, luy donnant en Guerdon,
De mes Threſors maint beau & riche Don;
Leſquelz ie vois preſentement nommer,
Si en pourrez la Valeur eſtimer.
Premierement ſept Trepiers excellentz,
Qui n’ont jamais touché Feu : dix Talentz
D’Or pur & fin : Vingt Chaulderons bruniz
D’Arain luyſant : Douze Courſiers garniz
De beaulx Harnois, qui ont par leur Viteſſe
Pluſieurs grandz Pris raporté de la Grece.
Et ne devroit ſe nommer indigent,
C’il qui ſeroit pourveu de tant d’Argent,
Et de Threſor, comme par leurs travaulx
M’ont faict gaigner aultrefois ces Chevaulx.
Oultre cela ſept Femmes, qui de Grace
Ont ſurpaſſé la Feminine Race :
Sachans ouvrer de Broderie exquiſe :
Que j’euz pour moy, quand Leſbos fut conquiſe