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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/63

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Et eſt un Roy touſjours aymé de Dieu :
Veu qu’il commande icy bas en ſon lieu.
    Ainſi diſoit Vlyſſés, parlant doulx
À ſes pareilz ſans uſer de courroux :
Mais ni trouvoit quelque ſouldard mutin
Quelque criart, & ſoigneux du butin,
Qui feiſt ſemblant de retourner en Grece,
Il le frappoit du Sceptre par rudeſſe.
Il faict beau yeoir, diſoit il, un poureux
Vng grand cauſeur, un laſche malheureux,
Aymant repos, & touſjours fuyant peine,
Faire le grand, trancher du Capitaine.
Retire toy ſouldard, je le commande,
Et va t’aſſeoir avec ceux de ta bande,
Pour eſcouter les Roys, qui ſcavent faire,
Et conſeiller ce qui t’eſt neceſſaire.
Pas n’eſt raiſon que nous ayons honeurs,
Tous ſoyons Roys, tous ſoyons Gouverneurs.
Toute Police eſt plus recommandée,
Quand elle n’eſt que par un ſeul guydée
Donc ſoit un Roy (lequel Iuppiter donne)
Tres obey en tout ce qu’il ordonne.
    De ces beaux motz, Vlyſſés les preſcha,
Et leur retour tellement empeſcha,
Que tout ſoubdain en laiſſant les vaiſſeaux,
Prindrent chemin à troupes & monceaulx
Droict au conſeil : faiſans ſemblable bruit,
Que l’Ocean, quand par tormente bruit,
Et qu’au grand ſon & furieux orage,
On oit gemir tout le prochain rivage.
    Chacun ſ’aſſiſt le mieux qu’il peut choiſir
Lieu condecent pour entendre à plaiſir.