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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/64

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Therſites ſeul, entre tous conteſtoit,
Sans prendre place. Or Therſites eſtoit
Vng meſdiſant un faſcheux blaſonneur,
Qui ne ſcavoit aucun bien ny honneur,
Prenant plaiſir à prononcer paroles
De mocquerie outrageuſes & foles :
Meſmes aux Roys, cuydant touſjours bien faire,
S’il ſe monſtroit à leur vouloir contraire.
Et qui pis eſt, c’eſtoit le plus infaict,
Le plus vilain, & le plus contrefaict,
De tout le camp : car ſembloit que Nature
Euſt travaillé à forger la laidure.
Il eſtoit Louſche, & Boiteux, &Boſſu
La teſte ague, & le corps mal oſſu,
Bien peu de poil, tres longue & large oreille,
En ſomme laid, tant que c’eſtoit merveille.
Ce nonobſtant il reputoit tout un,
Qu’on le penſaſt faſcheux & importun.
Tout ſon eſbat tout ſon contentement
Eſtoit, pouvoir meſdire apertement
Contre Achillés, Vlyſſés : & ſouvent
D’Agamemnon mettoit propos au vent.
Et pour autant qu’il ſcavoit que l’armée,
Ou la pluſpart eſtoit lors animée
Encontre luy pour la folle querelle
De retenir Briſeis la tres belle,
À luy ſ’adreſſe, & faiſant du mocqueur,
Il le picqua juſques au fondz du cœur.
    Que te fault-il, de quoy aſ-tu envie ?
Agamemnon, pour plus rendre aſſouvie
Ta volonté ? Qu’eſt-ce qui faict douloir
Ainſi ton cœur ? que peult-il plus vouloir ?