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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/65

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En premier lieu tes Coffres ſont comblez
D’or & d’argent, & joyaux aſſemblez,
Tu as apres les vaiſſeaulx, & les Tentes
Tres bien garnyz de dames excellentes,
Que nous Gregeois en preſent te donnons,
Quand par aſſault quelque ville prenons.
Puis ſ’il advient qu’un riche Priſonnier
Soit en noz mains, on ne te peult nier,
Que promptement & d’eſtrange facon,
Il ne te faille apporter ſa rancon.
Et toutes fois ayant ſi belles choſes
À ton ſouhait, encor tu ne repoſes :
Car ſi tu vois quelque gentil viſage
De priſonniere il te vient au courage
D’en abuſer, & quoy qu’on ſache dire
Tu la detiens par force en ton navire.
Eſt-il raiſon qu’à un Chef de ta ſorte
Soit obeys & qu’honneur on luy porte ?
Ô nous meſchans, Ô nous Gregeois infames,
Non hommes Grecz :mais pluſtoſt Grecques femmes
Qu’attendons nous ? laiſſons cy l’avarice :
Laiſſons l’orgueil, faiſons qu’icy periſſe.
Allons nous en afin qu’il puiſſe entendre,
Que l’on ne doit folement entreprendre,
Ainſi ſurtous, & qu’il ſente le tort,
Qu’il tient, auſſi à Achillés le fort.
Certainement ce fut grand advantage,
Agamemnon, pour toy, quand tel outrage
Fut ſupporté : car ſ’il euſt entendu
À ſe venger, il t’euſt mort eſtendu.
    Lors Vlyſſés voyant ceſte arrogance
De Therſites bien pres de luy ſ’avance,