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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/66

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Et d’un maintien enflambé, & plain d’ire,
Le regardant de travers, luy va dire.
Meſchant Cauſeur, infame babillard,
Bien que tu ſois de nature raillard,
Ne dis plus mot, & ne te formalize
Contre celuy que chacun de nous priſe.
Il n’appartient à aucun d’en meſdire :
Encores moins à toy qui es le pire
De tout le camp. Ô quel bon conſeiller,
Qui maintenant vient icy babiller
Du partement, ſans faire coniecture,
S’il nous redonde à honneur, ou injure,
Et pour monſtrer ſon eſprit tres pervers
S’en vient meſdire à tort & à travers
D’Agamemnon, luy reprochant le don
Qu’on luy depart injuſtement en guerdon
De ſon honneur. Or donc Cauſeur, eſcoute
Ce que diray, & ny fais aucun doubte.
Si je te trouve une autre fois parlant
Contre les Roys, & leur honneur fouſlant,
Ie ſuis content que mon chef ne demeure
Deſſus mon corps, & que mon ſeul Filz meure
Telemachus, que j’ayme cherement :
Si tout ſoudain le plus amerement
Que je pourray, ta perſonne n’eſt miſe
Nue du tout, voire ſans la chemiſe.
Et quant & quant la main de verges pleine,
Ie ne te feſſe aigrement par la plaine,
Devant les Grecs, qui n’en ſeront nul compte :
Si t’en iras cacher aux nefz de honte.
Diſant ces motz, le frappa de ſon ſceptre
Cinq ou ſix coupz, à dextre & à ſeneſtre :