Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/67

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Tant que l’on veid deſſus ſes lourdes boſſes,
Bien toſt apres marques de ſang tres groſſes.
Dont Therſites, dolent de la vergongne,
En larmoyant tenoit mauvaiſe trongne :
Et tout crainctif d’avoir plus grands alarmes,
Se contenoit en ſ’abbreuvant de larmes.
    Cela fut cauſe à toute l’aſſemblée
(Bien qu’elle fuſt au paravant troublée)
De ſ’eſjouir : rians à pleine bouche
De Therſites, & de ſon eſcarmouche :
Louans entr’eux Vlyſſés grandement.
Ô quel bon zele, Ô quel entendement,
(Ce diſoient ilz) ô quelle vigilance,
Long temps y a que l’on voit ſa vaillance
Chacun ſcait bien que c’eſt le nompareil :
Hardy en guerre, & prudent en conſeil.
Mais il n’a faict encor choſe plus belle,
Que de chaſſer ce cauſeur & rebelle
Qui deſormais n’aura aucun pouvoir
De dire plus que ne veuille devoir.
    Pallas faiſoit ce pendant du herault
Parmy le camp : criant ſouvent tout hault,
Que l’on ſe teuſt, pour ouyr la ſaconde
Du ſubtil Grec, à nulle autre ſeconde.
Lequel apres qu’il veict le peuple quoy,
Diſt devant tous. Ô tres illuſtre Roy
Agamemnon grand injure te font
Tous les Gregeois, qui ſouz ta charge ſont,
Entreprenans de retourner en Grece
À ce jourd’huy : ſans tenir la promeſſe
Que l’on te feit de ne bouger d’icy,
Qu’on n’euſt Priam du tout à ta mercy,