Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/68

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Semblans garcons, ou veſnes femmelettes
Pleines d’ennuy de ſe trouver ſeulettes :
Ayans touſjours un extreſme deſir,
De retourner au lieu de leur plaiſir :
Et toutes fois leur devroit plus deſplaire
De ſ’en aller, ſans avoir ſceu rien faire.
Il eſt bien vray qu’ainſy que le Pilotte
(Voyant la nef, qui en haulte mer flotte
Vng moys entier ſouffrant divers orages)
Eſt tres marry, & n’a autre courage
Que de reveoit ſa femme & ſa maiſon
Semblablement ilz ont quelque raiſon,
De ſe douloir : voyans la terminées,
À guerroyer neuf entieres années.
Et en cecy, je treuve que la plainſte
De tous les Grecs, eſt raiſonnable & ſaincte.
Mais ſi l’on veult de plus pres regarder
À noſtre faict, qui nous ſcauroit garder
De vitupere, apres longue demeure
Perdre l’honneur dont tant prochaine eſt l’heure
Par quoy, Amis, je vous prie & enhorte
Pour voſtre bien, que l’on ſe reconforte.
Souffrez encore une année, pour veoir
Si de Calchas la prudence, & ſcavoir
Eſt veritable, ou ſ’il nous a menty.
Chacun de vous, je croy eſt adverty
De ce qu’il dict, par vray prophetie,
En la Cité d’Aulis en Bœotie,
Ou tous les Grecs ſ’aſſembloient pour conclure,
Contre Priam revenger leur injure.
Il advint lors en faiſant ſacrifice,
À Iuppiter pour le rendre propice,