Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/77

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Eſtoit pareille, alors par la campaigne,
À celle la qui eſt ſur la montaigne,
Lors que le feu ſ’allume en quelque coing
De la foreſt, & qu’on le voit de loing,
Car tout ainſi leurs harnoys & eſpées,
Reſplendiſſoient du clair Soleil frappées.
Semblablement comme un beau vol de Grues,
De Cygnes blancs, ou d’Oyes plus menues,
Sont tres grand bruit avec leurs chantz divers,
Pres de la rive, & ſouz les arbres verds
De Cayſter, fleuve delicieux :
Dont de leur ſon en reſonnent les lieux
Circonvoiſins : de ſemblable maniere
Les Grecz armez aupres de la riviere
De Scamander, faiſoient telle crierie,
Qu’on entendoit retentir la prairie.
La terre auſſi par les chevaux foulée,
En gemiſſoit du long de la valée ;
Car n’y avoit moins des Grégeois marchans
Pour batailler, que de fleurs par les champs.
S’il vous ſouvient d’un grand nombre de mouches
Qu’on voit ſouvent ſortir des creuſes ſouches,
Et ſ’envoler à troupes dans la loge,
Ou le berger ſur le printemps ſe loge,
Cueillant le laict que des brebis aſſemble :
Penſez qu’ainſi les Grecz venaient enſemble
Deſordonnez : mais leurs bons Conducteurs,
Les diſpoſoient, ainſy que les paſteurs
Ont de couſtume, advenant la veſprée,
À departir les troupeaux en la prée.