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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/84

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Cela ne vient que d’une crainte extreme
Qui t’a ſurprins diſcourant en toy meſme,
Que celuy la te priveroit de vie,
Duquel tu as la Compaigne ravie
Certainement la Beaulté du viſage
Le bien Chanter, le Gracieux langage,
Le Corps trouſſé, les Cheveulx ordonnez,
Et aultres biens, que Venus t’a donnez,
Serviront peu à ta vie ſaulver :
S’il te convient au Combat eſprouver.
Ta Couardiſe à mené juſque au poinct
Tous les Troiens de ne combatre point :
N’appercevans en toy choſe qui vaille.
Parquoy fuy t’en, cherce quelque muraille
Pour te cacher, & plus de moy n’approche :
Trop eſt ton faict digne de grand reproche.
    Le beau Paris ſe voyant oultrager
Si durement, reſpondit ſans ſonger.
Hector mon frere, à bien bonne raiſon,
Tu as dreſſé ſur moy ceſte oraiſon :
Car de ton cueur la Force redoubtable
Eſt ſi tres grande, & ſi tres indomptable
Qu’on ne la voit de vigueur eſloignée
Pour le travail, non plus que la Coignée
Qu’ung Charpentier à employer ne fine :
Et plus en frappe, & plus elle ſ’aſffine.
Tu ne devrois touteſfois me faſcher :
Ne les beaux dons de Venus reprocher.
Car les Bienfaictz, dont les Dieux nous guerdonnent
Sont à priſer, veu meſmes qu’ilz les donnent,
Non pas ainſi que l’homme en a deſir,
Mais tout ainſi qu’il leur vient à plaiſir.