Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/90

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De ces deux camps duroit longue ſaiſon,
Certainement ce n’eſtoit ſans raiſon :
Veu la Beaulté, & plus que humain ouvraige,
Qui reluyſoit en ſon divin viſaige.
Ce neantmoins il vauldroit mieulx la rendre,
(Ce diſoyent ilz) ſans gueres plus attendre,
Pour eviter le mal qui peult venir,
Qui la vouldra encores retenir.
À l’arriver le Roy Priam l’appelle,
En luy diſans : Ô vien ma Fille belle,
Vien ca t’aſſeoir icy au pres de moy,
Laiſſe tes pleurs, de chaſſe ceſt eſmoy,
Ne te conſume ainſi en telz regretz :
Vien contempler ton Mary, & les Grecs,
Tes chers Couſins. Las Iuppiter ne vueille
Que contre toy, de mon mal je me dueille.
Ce ſont les Dieux, qui pour mieulx ſe venger,
Moy & les miens deſirent affliger,
Par ceſte Guerre ainſi calamiteuſe.
Approche toy, ſans faire la honteuſe,
Et monſtre moy les Grecs plus apparentz
Et plus adroiſtz, tes Voyſins & Parens.
Qui eſt celuy qui devant tous ſ’avance
De corps moyen, mais grave en contenance ?
Ie n’ay point veu, dont je ſoys ſouvenant,
En mon vivant, homme plus advenant
Et pour certain, à bien voir ſon arroy,
Il a le port, & maintien d’ung grand Roy.
    Alors Heleine, à voix humblette & baſſe,
Luy reſpondit. Mon cher Seigneur, ta face
En mon endroict, à tant de reverence,
Que i’ay grand crainte, approchant ta preſence.