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Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/91

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Or euſt la mort (avant que ces diſcords
Feuſſent venuz) ſaiſy mon foible corps :
Et meſmement alors que j’euz ravys
Si fort mes ſens, que ton Filz je fuyuis,
Habandonnant Eſpoux, Freres, & Fille,
Et mainte Dame, & Compaigne gentille.
Las, nous ſerions hors de toute douleur
Et toy & moy : Mais il plaiſt au Malheur
Qu’il ſoit ainſi. Or quant à ta demande,
Puis que ta grace ainſi le me commande :
Cil que tu dis, eſt en ſon propre nom
Filz d’Atreus, le Prince Agamemnon :
Roy tres prudent, & en armes puiſſant,
À qui le Camp eſt tout obeyſſant,
Qui aultreſfois, en temps paiſible & ſeur,
Fut mon beau Frere, & moy ſa belle Seur.
    Atant ſe teut la Beaulté nom pareille :
Sur quoy Priam tout remply de merveille,
Oyant l’honeur d’Agamemnon compter,
Ne ſe peuſt taire, & vint à l’exalter.
Ô Fortuné, & plus que bien heureux
Agamemnon, Prince chevalereux,
Doncques tu as des grans Dieux ce bon heur
D’eſtre le Chef des Gregeois en honeur :
Doncques par toy eſt conduire & regie
Si grande armée, arrivée en Phrygie.
Il me ſouvient, au temps de ma jeuneſſe,
Lors que j’avoys & vaillance, & proueſſe,
Qu’en ce Pays vindrent les Amazones,
Femmes de ſexe, & en guerre Perſones
De grand exploict : pour reſiſter auſquelles
Fut neceſſaire aſſembler forces teles,