Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/92

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Qu’on n’en veit oncq de pareilles aux champs.
Adonc Migdon, & Otreus marchans
Droict à l’encontre, aſſirent en ung val,
Toute leur gent à pied, & à cheval,
Pres de Sangar la Riviere au long cours :
Auquel endroict : je vins à leurs ſecours,
Et fus faict Chef, mais quelques belles Bandes
Que nous euſſions, les Grecques ſont plus grandes.
    Apres ces motz, il jecta ſon regard
Sur Vlyſſés, puis dict. Si Dieu te gard
Ma chere Fille, encor ung coup d’y moy
Qui eſt celuy des Gregeois que je voy
De l’Eſtomach, d’Eſpaulles, & Ceinture,
Si bien taillé, non ſi grand de Stature
Qu’Agamemnon : Et qui de grace bonne
Sans eſtre armé, maintenant environne
Tous les Gregeois. Comme faict le Bellier
Grand & velu, qui pour mieulx ralier
Les beaux Troupeaux, faict : maint tour, & contour,
Pres des Brebis, ſans départir d’autour ?
    C’eſt Vlyſſés, reſpondit lors la Dame,
Bien faict : de corps, mais de plus ſubtile ame :
Lequel, combien qu’il ayt prins nourriture
En Pays Rude, & hors d’agriculture,
Ce neantmoins en Prudence & Fineſſe,
Il a paſſe tous les Princes de Grece.
    Tu as dict vray, Ô Princeſſe de pris,
Dict Antenor. Iadis bien je l’apris.
Car lors que luy, & Menelaus furent
Icy tranſmis Ambaſſadeurs, ilz n’eurent
Aultre logis que le mien, & leur feiz
Autant d’acueil qu’euſſe faict à mes Filz.