Page:Homère - Les dix premiers livres de l’Iliade trad. Salel 1545.djvu/93

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La je cogneuz, au moins par Conjecure,
Leur grand Eſprit, leur Conſeil, leur Nature :
Et meſmement quand ilz furent meſlez
Avecques nous, au Conſeil appellez,
Pour remonſtrer en public leur meſſaige.
Menelaus monſtroit plus grand Corſage,
Eſtant debout, mais eulx eſtans aſſis,
Ceſt Vlyſſés nous ſembloit plus raſſis :
Et au maintien plus remply de valeur.
Menelaus ne fut pas grand parleur,
Ce qu’il diſoit eſtoit Brief & Subtil,
Rien ſuperflu, tout propre, tout gentil,
Et bien qu’il fut plus jeune que Vlyſſés,
En ſon parler ne feit aulcun excez.
Quand vint au poinct que Vlyſſés deut parler,
Sans, tant ſoit peu, haulſer la teſte en l’air,
Ung bien long temps il tint en bas ſa veue,
Comme perſone & lourde & deſpourveue
D’entendement homme qui par Colere
Eſt hors de ſoy, & point ne ſe modere :
Ce que ſon Sceptre encores demonſtroit,
Duquel tres mal pour alors ſ’accouſtroit.
Mais auſſy toſt qu’il rompit le ſilence,
On cogneut bien ſa divine éloquence.
Il prononca ſes motz à l’arriver,
Du tout pareilz aux Neiges de L’hyver.
Si copieux, qu’on n’oſa entreprendre,
L’ayant ouy, d’atiecqueſltiy contendre.
Et ne feit on apres cas de ſa mine,
Eſtimans mieulx ſa parolle divine.
Le Roy Priam encores curieux
De ſcavoir plus, avoit jeſté ſes yeulx