Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/23

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faut subir une infortune ! Vous avez été jusqu’à présent trop prospère et en tout bénie, pour vous émouvoir au nom des autres et sympathiser. Vous ne songez même pas, non, jamais ! aux moyens de vous rendre utile et précieuse dans votre intérieur ; encore moins accorderiez-vous une pensée aux souffrances qui sont de par le monde, et vous demandez-vous si, jeune comme vous l’êtes, vous ne pourriez venir en aide. »

La Princesse secoua la tête en signe que non, au fond pleine d’indignation de la présomption émise par la Fée de la régenter ; mais, effrayée de sa puissance, elle se vit contrainte d’écouter. Aussi, après une courte pause, la Fée continua : « Vous regrettez d’être venue avec moi et me jugez ingrate ; mais je n’ai point de remercîments à vous faire, car je ne dois qu’à l’éblouissement de mon costume votre société où je suis. Sachant que je n’avais pas besoin de votre aide, vous n’avez, mondaine, que plus gracieusement accédé ma demande. »

À quoi Blanche baissa la tête, rougissante et comme en faute, car elle sentait la vérité des paroles de sa compagne. Comme elle restait muette, la Fée reprit : « Chère petite Princesse, croyez-moi, le bonheur le plus vrai consiste à ren-