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Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/26

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adieu, elle donna le signal du départ. Les cygnes étendirent leurs grandes ailes joyeusement et, montant dans l’air, portèrent leur beau fardeau à sa demeure de fée. Blanche de longtemps ne les quitta pas des yeux, puis les perdit de vue, et tristement s’achemina vers son Palais. Comme elle marchait languissamment le long de l’avenue majestueuse qui conduisait à ses appartements privés, son esprit était frappé d’une chose : « Ce qui venait d’arriver, était-ce bien une réalité, ou seulement un rêve ? » et elle redoutait que les paroles de la Fée ne vinssent à se montrer véridiques. C’est le cœur succombant à la peine, qu’elle franchit la porte qui s’ouvrait sur son boudoir et passa, sans être remarquée, dans sa chambre à coucher. Elle ne fut pas plus tôt entrée, qu’elle éprouva aux yeux une sensation de brûlure et des vertiges à la tête. S’élançant, morte de peur, vers le plus proche miroir, elle s’aperçut que déjà ses yeux adorables étaient altérés, qu’elle avait les paupières rouges et enflées, la pupille presque voilée. Elle se laissa choir, avec un faible cri, sur son lit et perdit pour un temps dans l’inconscience le sentiment de sa misère. Quand elle reprit ses sens, elle était non-seulement aveugle tout à fait, mais les yeux lui cuisaient, comme pleins d’un sable brûlant. Si elle les avait