Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/32

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souvenez-vous point de ce qui seul vous peut rendre la vue ? » Amanda réfléchit et se remémora qu’il fallait que son caractère subît un grand changement ; mais elle ne semblait pas savoir de quelle façon entreprendre cette réforme.

— « Eh bien, je vais d’abord m’occuper de votre mal, puis je resterai avec vous jusqu’à ce que vous regagniez la vue : car il se peut que je sois à même de vous y aider, » dit la vieille, sortant en même temps une fiole d’un sac qu’elle portait ; et, du contenu imbibant un linge, elle le mit sur les yeux de la Princesse : aussitôt l’inflammation tomba, et la brûlure cessa. La malade se vit magiquement soulagée et céda à un long sommeil tranquille. Quand elle s’éveilla, la vieille était encore assise à son côté, et lui dit : « Vous êtes maintenant délivrée de toute douleur et, pour persévérer dans cet état, il vous faut porter ce mouchoir magique attaché sur les yeux, jusqu’à ce que vous voyiez, » et elle noua un mouchoir d’un beau tissu léger. « Maintenant que vous avez cessé de souffrir, vous pourrez penser, » ajouta-t-elle ; « c’est pourquoi je vais vous quitter pour quelque temps. » Et, en effet, elle partit de la chambre, laissant la servante de la Princesse seule avec elle. Blanche certes pensa, car son esprit lui semblait merveilleusement clair après le repos délicieux dont