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Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/33

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elle avait joui ; elle commença à tout analyser, son caractère, sa conduite : or sa conscience réveillée lui disait que la Fée Bonté avait raison, — qu’elle était égoïste et point aimable, et ne considérait le bonheur de personne, excepté le sien, — que, malgré qu’elle fût une grande Princesse, elle ne comptait pour rien au monde, où tout irait aussi bien sans elle. C’était, pour son esprit, en venir à une conclusion fort humiliante, particulièrement quand elle opposait à cela la conduite de la pauvre vieille, qu’elle avait, dans sa supériorité imaginaire, repoussée, et qui, maintenant, venait par du bien récompenser le mal qu’on lui avait fait. De quel profit lui étaient, dans son malheur, son haut rang et ses beaux habits ? N’était-elle pas aujourd’hui à la merci de la femme dont elle avait méprisé la pauvreté ?… Oh ! que cette pauvre créature était admirable ! et noble vraiment, tandis qu’elle, la grande Princesse, ne s’enorgueillissait que d’une haute naissance, oubliant que la véritable noblesse est celle qui engendre de bonnes actions..... Oh ! elle essaierait ferme de devenir meilleure, elle ferait son étude du plaisir d’autrui et s’efforcerait d’être utile. « Marie ! » elle appelait sa servante, qui arriva aussitôt ; « j’éprouve tant de reconnaissance d’être quitte du mal, — et puis, j’ai réfléchi, — il me souvient de vous avoir parlé