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Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/55

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salutaire, il commença, assis à son aise : « Second fils, j’héritai de la couronne à la mort de mon frère, le feu Roi, quand j’eus vingt ans. À ma naissance, me fut inoculé spécialement l’amour de la Fée Justice : c’est la Fée qui préside à mon pays, comme Liberté au vôtre. Je suis toujours resté son champion… Mon frère, qui régna le premier, était très-faible et de corps et de volonté, car, peu de temps avant sa venue au monde, un refroidissement s’était produit entre mes parents et notre Fée, parce qu’on l’avait négligée pour la Fée Liberté, dont l’attrait, bien plus éclatant, jeta Justice dans l’ombre. Elle ne se trouva donc point la marraine de leur fils aîné et, durant de longues années, fut pour nous une visiteuse très-rare ; mais, voyant que le pays souffrait, faute de sa présence constante, elle oublia, dans sa passion pour le bien commun, un manque d’égards personnel et me choisit pour instrument, voulant réformer les lois. Sous les règnes de mon père et de mon frère, le culte de la Fée Justice avait diminué, tandis que s’était accru celui de la Fée maîtresse chez nos voisins.

« Très-glorieuse et grande dame qu’elle est, votre patronne se montre un peu par trop indépendante. Justice (je le sais) a souhaité souvent de s’unir avec elle pour former un gouver-