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Page:Hope - L’Étoile des fées, trad. Mallarmé, 1881.djvu/57

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sus, d’un fourré voisin. Fort de l’ardeur de mon coursier, je me fis jour au travers, avec mon fouet de chasse ; puis m’élançai à bride abattue jusqu’à ce que j’eusse atteint ce bois, où, les arbres entravant ma course, je mis pied à terre, et ordonnai à mon cheval de rejoindre mes gens, et de les guider à mon secours. Je le mis en liberté. Voici qu’avancé à peine de plusieurs mètres, un coup de feu me frappa, tiré par un Géant caché dans les arbres, et je tombai où vous m’avez trouvé. J’y serais mort si vous ne m’étiez point venue si généreusement en aide. Votre mouchoir enchanté m’a sauvé la vie, et, à tout jamais, je tiendrai ce jour pour le plus heureux de mon existence, qui nous a donné l’occasion de faire connaissance l’un de l’autre. Pas de doute que les Fées n’aient arrangé l’aventure d’aujourd’hui dans un but qui, je l’espère, peut être d’unir nos deux pays. Je chérirais fort une si exquise petite femme : il se pourrait de la sorte faire que Justice et Liberté devinssent alliées. » Blanche avait écouté avec un vif intérêt l’histoire du jeune Roi, et ses sourires et sa rougeur, comme il la finissait, étaient un indice que ces paroles lui plaisaient beaucoup. Après une pause d’un instant toutefois, se dressant tout alarmée et regardant à l’entour : « Mais, peut-être, y a-t-il maintenant des Géants tout