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livre ii, satire vi.

l’agréable oubli d’une vie inquiète ? Oh ! quand la fève, parente de Pythagoras, et les légumes assaisonnés de lard, reviendront-ils sur ma table ? Ô nuits, ô soupers des Dieux, où je mange avec mes amis, dans ma propre maison, et où je repais mes esclaves joyeux du reste des mets ! Chacun, selon son caprice, vide des coupes d’inégale grandeur, libre de règles insensées, que celui-ci boive vaillamment à pleins verres, et celui-là doucement à petites coupes. La causerie commence, non à propos des villas et des maisons d’autrui, ou pour savoir si Lépos danse bien ou mal ; mais nous nous occupons de ce qui nous intéresse davantage et de ce qu’il n’est point permis d’ignorer : si les hommes sont heureux par les richesses ou par les vertus; si nous arrivons à l’amitié par l’habitude ou par la convenance ; quelle est la nature du bien ; quel est le souverain bien. Pendant ce temps, mon voisin Cervius trouve le moyen de nous conter de