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livre i, satire v.

tout entière se passe. Les insupportables moucherons et les grenouilles des marais empêchent de dormir. Le batelier et le passager, ivres de mauvais vin, chantent à l’envi leur maîtresse absente ; enfin, celui-ci, fatigué, commence à dormir, et l’autre, attachant à une pierre les traits de la mule qu’il laisse paître, se couche paresseusement sur le dos. Le jour se levait déjà quand nous sentons que la barque n’avance pas. Un de nous, ayant la tête chaude, saute à terre, et, d’une gaule de saule, cingle la tête et les reins de la mule et du batelier. Nous ne débarquons qu’à la quatrième heure à peine ; et nous baignons nos visages et nos mains dans ton onde, ô Féronia ! puis, ayant dîné, nous nous traînons pendant trois milles et nous atteignons Anxur, assis sur ses rochers blancs qu’on voit de loin.

C’est là que devaient venir l’excellent Mæcenas et Coccéius, envoyés tous deux pour des affaires sérieuses et sachant raccommoder les amis