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satires.

ou de celui qui, content de peu et craignant l’avenir, pendant la paix, comme le sage, se prépare à la guerre ?

Tu peux d’autant plus croire ceci, que j’ai vu, étant enfant, cet Ofellus user de ses biens intacts avec autant de modération que de ce qui lui reste maintenant. On le voit, colon courageux, avec son troupeau et ses enfants, dans le petit champ qu’on a mesuré, disant : — « Je n’ai jamais osé manger, les jours ordinaires, rien autre chose que des légumes et un pied de jambon fumé ; mais quand, après un long temps, un hôte m’arrivait, ou quelque voisin, agréable convive, tandis que le travail cessait à cause de la pluie, tout allait bien, non avec des poissons apportés de la ville, mais avec un poulet et un chevreau. Puis le raisin cueilli à la treille, des noix et deux figues ornaient la table. Ensuite, nous nous amusions à boire à la maîtresse coupe, en l’honneur de Cérès, afin que les épis fussent plus hauts ; et