Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/108

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Qu’il vive en plein air, et brave tout chemin
Périlleux. Du haut de leur cité jalouse,
      Qu’à sa vue une royale épouse,
   Une princesse aux portes de l’hymen,

Soupirent : « Grands dieux ! ne laissez pas mon gendre,
Mon beau fiancé, trop neuf dans les combats,
      Provoquer ce lion qui, là-bas,
   Gorgé de sang, brûle encor d’en répandre ! »

Mourir pour son sol est doux et glorieux.
La mort poursuit l’homme à poitrine d’eunuque
      Elle frappe au dos, ou dans la nuque,
   Les vils poltrons, les fuyards odieux.

La vertu solide ignore les disgrâces ;
Son front resplendit d’honneurs immaculés.
      Ses faisceaux ne sont pas ravalés
   Ou maintenus, au gré des populaces.

À qui le mérite ouvrant les cieux entiers,
La vertu se fraye un champ inaccessible,
      Et son vol, dans sa fierté paisible,
   Fuit le vulgaire et les fangeux sentiers.

De même le ciel, des silences austères
Est le prix : chez moi jamais ne dormira,
      Sur ma nef jamais ne voguera
   Quiconque a pu dévoiler tes mystères,