Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/214

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Où le chêne distille un doux miel, où l'eau vive
Du haut des monts tombe en retentissant.
La chèvre, dans ces lieux, s'offre à qui doit la traire ;
Le bon troupeau revient, les seins bénis.
L'ours du soir au bercail n'accourt pas sanguinaire ;
Point de couleuvre exhaussant d'affreux nids.
Quels miracles encor ! Là, d'une pluie intense,
Jamais l'Eurus n'abîme les moissons.
Jamais un sol brûlant n'y flétrit la semence:
Le roi des cieux sourit aux deux saisons.
Là n'abordèrent point la nef des Argonautes,
Ni de Colchos l'impudique beauté.
Les marins de Sidon n'ont pas fouillé ces côtes,
Pas même Ulysse et son camp ballotté.
Nulle contagion, aucun astre contraire
Ne sévit là sur le bétail serein.
Jupiter aux cœurs purs réserva cette terre,
Quand l'âge d'or fit place aux jours d'airain.
L'âge de fer suivit, mais l'on peut s'y soustraire
En pratiquant mon avis souverain.


XVII — Horace et Canidie

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