Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/215

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Enfin je cède à ton art tout-puissant !
Canidia, par la reine des Ombres,
Par la déesse au terrible croissant,
Par ces recueils dont les formules sombres
Peuvent du ciel détacher les flambeaux,
Grâce, fais trêve à ta nénie hostile ;
Tourne au rebours, tourne tes prompts fuseaux.
Jadis Télèphe émut le cœur d'Achille,
Et cependant ses Mysiens jaloux
Avaient sur lui fait pleuvoir mille coups.
Lorsque Priam, sortant de ses murailles,
Eut embrassé les genoux du Phtien,
Hector reçut d'honnêtes funérailles,
Lui qu'attendaient le vautour et le chien.
D'un crin soyeux les compagnons d'Ulysse
Virent leurs corps délivrés par Circé :
Langue et cerveau reprirent leur office ;
Sur chaque front revint l'honneur passé.
Assez longtemps j'éprouvai ta vengeance,
Ô toi l'amour des marins, des commis.
De mes os secs émigre la jouvence ;
Ma peau se ride, et mes traits sont blêmis.