Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/216

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Sous tes odeurs blanchit ma chevelure,
Aucun repos n'allège mon tourment ;
Le jour paraît, la nuit retombe obscure,
Et mon sein reste oppressé constamment.
Va, je crois tout ; mon orgueil capitule:
Un chant samnite évoque les chagrins,
La tête éclate aux marsiques refrains.
Es-tu contente ? Ô terre ! ô mer ! Je brûle
Comme jamais sur son bûcher Hercule,
Ni dans l'Etna la lave en rugissant
N'ont pu brûler. Sorcière de Colchide,
Tu n'éteindras ton creuset menaçant
Qu'aux vents moqueurs n'ait fui ma cendre aride.
Quand cessera ma misère ? A quel prix ?
Parle : aussitôt je subirai ma peine
Fidèlement. Faut-il une centaine
De taureaux noirs ? Veux-tu des chants fleuris
Et mensongers ? Ô chaste et sainte femme !
Étoile d'or, tu vas briller aux cieux.
Les fiers Gémeaux, qu'aigrit un vers infâme
Contre leur sœur, au chantre audacieux
Qui s'amenda rendirent ses deux yeux.
Imite-les: rends-moi mon âme entière !
Car tu le peux, toi, noble par le sort,
Vieille inhabile à ravir la poussière
Des indigents, neuf jours après leur mort.
Ton bras est pur, ta douceur recherchée;
Tes fils sont tiens: oui, c'est ton propre sang
Que la matrone enlève au drap récent,
Quand hors du lit tu cours, leste accouchée.

CANIDIE