Non, quand chaque jour, courtisan des plus tendres,
Ami, tu vouerais trois cents bœufs à Pluton,
Dieu sans pleurs, qui de sombres méandres
Ceint Tityus, le triple Géryon,
Dans ces tristes eaux que nous fendrons de même,
Nous tous relevant des terrestres produits,
Aussi bien porteurs de diadème
Que laboureurs aux indigents réduits.
En vain fuirons-nous la sanglante Bellone
Et l’Adriatique avec ses ouragans ;
Pour nos corps en vain, pendant l’automne,
Aurons-nous craint le poison des autans :
Il faudra bien voir l’onde noire et languide
Du Cocyte errant, les criminelles sœurs
D’Hypermnestre, et Sisyphe Éolide
Qui va soumis à d’éternels labeurs.
Adieu donc villas, palais, épouse aimable !
De tant d’arbres verts cultivés par ta main,
Nul, hormis le cyprès détestable
Nul ne suivra son maître momentain.
Un prompt héritier, certainement plus sage,
Boira ton Cécube à tous les yeux soustrait ;
Il teindra ton superbe dallage
De ce nectar qu’un pontife envierait.
Page:Horace - Odes, Épodes et Chants séculaires, Séguier, 1883.djvu/91
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