XV
CONTRE LE LUXE DU SIÈCLE
Nos vastes palais bientôt à la charrue
Prendront tout le sol ; on verra des viviers,
Du Lucrin dépassant l’étendue,
Surgir partout ; les platanes altiers
Évinceront l’orme. Alors, la violette,
Le myrte, en un mot tous les trésors du flair,
Répandront leur baume où l’olivette
À l’ancien maître offrait un gain si clair.
Alors le laurier de ses rameaux compactes
Exclura le jour. Ainsi ne l’ont prescrit,
Ô Romule, ô dur Caton, vos actes :
Des vieux décrets ce ne fut pas l’esprit.
Les particuliers avaient un cens modique,
L’État de grands biens : à l’air vif d’Hélicé
Privément ne s’ouvrait nul portique
Au décempède exactement tracé.
La loi défendait de mépriser le chaume
En partage échu, — le marbre précieux
Ne parant, sur les fonds du royaume,
Que les cités et les temples des dieux.