Page:Horace - Odes, traduction Mondot, 1579.djvu/135

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Tu fais les marbres tailler,
Pour ta maison émailler,
Estant desia, sur la riue
De Charon, & n’ayant pas
En memoire le trepas
Ou faut qu’vn chacun arriue.

Dessus l’eschine des eaus
Tu veus bastir des chateaux
Non content, de leur riuage.
Quoy ? quand tu vas au matin,
Planter sur le champ voisin
Plus auant, ton heritage.

En sentant le glouton feu
Plus mangent, & moins repeu,
Soit par amour ou par armes,
Ceux qui sont dessouz ta main,
Tu mets auare inhumain
Hors leur bien : charges de larmes,

Miserable toutesfois,
Toy mesme prescher le doibz,
Qu’il te faut souz l’orc descendre :
C’est la salle qui attent
Le riche trop violent,
Pour vouloir tout entreprendre.

Que veus tu brasser encor’:
Pour tousiours croifte ton or ?
Ne vois tu pas, qu’vne terre
Dans les antres les plus cois
Le noble sang des grans Roys,
Comme des pauures enserre ?

Ny le chien, troisfois testu
Par aucun or abbattu
Ny c’il, qui dans l’Orc commande
Charon lairra Promethé,
Pour viure en sa liberté
Dehors l’infernalle bande.

Il tient dans l’horrible nuit
Plaine de feux & de bruit,