Page:Horace - Odes, traduction Mondot, 1579.djvu/32

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Et ſi le fer de ſa charrue,
Contre Ceres ſouvent ſe rue,
Deſireux du gain de ſon fruit :
Il n’eſt beſoin changer de voye,
Pour la conqueſte d’autre proye,
Ains ſuivre celle qui le ſuit.

Il n’eſt beſoin que la richeſſe
De ce Roy de Pergame, opreſſe
Son cœur, ny ſon affection :
Ny qu’il ſ’ẽferme au creux de l’onde,
De Mirthoé la mer profonde,
Paſle de crainte, & paſſion.

Le Marchand, redoutant l’orage,
Qui haleine ſur le rivage,
Et qui fait rouler à grands bonds
Les flots, & les ondes d’Ægee :
Souſpire ſa terre eſtrangee,
Et l’eſloignement de ſon fonds.

Et bien que l’horreur de l’orage,
Luy apreſte ja ſon naufrage :
Voyant tout autour boüillonner,
Courageux, & hardi, fait teſte
Aux vents, à la fiere tempeſte,
Et ne ceſſe de ſillonner.

Les vns dés leur ieuneſſe priſent
Le vin, & les jeux qu’ils eſliſent,
Pour donner tréve à leurs deſirs :
Maintenant ſous vn verd ombrage,
Tantoſt ſur le bord d’vn rivage
Ils s’en vont cueillir leurs plaiſirs.

Pluſieurs ſe plaiſent des armees
Suiuir les troupes animees,
À leurs meres pleines d’horreur
Au ſon du Cleron qui enflame