Désormais mon épouse, elle règne avec moi, [710]
Et vous et votre fils vous êtes sous sa loi.
Scène III
Quoi ! Madame, c'est vous qui cherchez à nous nuire !
Misaël me restait, vous voulez le séduire,
Et si d'Antiochus j'en veux croire l'accueil,
La vertu de mon fils va trouver son écueil. [715]
Je ne connais que trop, puisqu'il faut vous le dire,
Ce que vos yeux sur lui vous ont acquis d'empire :
Gardez-vous d'employer ce funeste pouvoir
Pour sa honte éternelle et pour mon désespoir.
Hélas ! Antiochus n'en voulait qu'à sa vie. [720]
Faut-il que vous portiez plus loin la tyrannie ?
Que vous vouliez sans cesse à son coeur combattu
Par vos barbares pleurs enlever sa vertu ?
Je songe à le sauver, madame, et je l'espère.
Vouloir sauver le fils, est-ce trahir la mère ? [725]
Et ne serait-ce pas à vous-même à chercher
Ce même appui qu'ici vous m'osez reprocher ?
Non, dès votre naissance à l'erreur asservie,
Vous n'avez pas conçu d'autre bien que la vie,
Et quoique nous disions, vous n'imaginez pas [730]
Qu'il soit pour nous un mal plus grand que le trépas.
Nous sommes pénétrés de maximes plus saintes,