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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/113

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Désormais mon épouse, elle règne avec moi, [710]

Et vous et votre fils vous êtes sous sa loi.


Scène III

Antigone, Salmonée.
Salmonée

Quoi ! Madame, c'est vous qui cherchez à nous nuire !

Misaël me restait, vous voulez le séduire,

Et si d'Antiochus j'en veux croire l'accueil,

La vertu de mon fils va trouver son écueil. [715]

Je ne connais que trop, puisqu'il faut vous le dire,

Ce que vos yeux sur lui vous ont acquis d'empire :

Gardez-vous d'employer ce funeste pouvoir

Pour sa honte éternelle et pour mon désespoir.

Hélas ! Antiochus n'en voulait qu'à sa vie. [720]

Faut-il que vous portiez plus loin la tyrannie ?

Que vous vouliez sans cesse à son coeur combattu

Par vos barbares pleurs enlever sa vertu ?

Antigone

Je songe à le sauver, madame, et je l'espère.

Vouloir sauver le fils, est-ce trahir la mère ? [725]

Et ne serait-ce pas à vous-même à chercher

Ce même appui qu'ici vous m'osez reprocher ?

Salmonée

Non, dès votre naissance à l'erreur asservie,

Vous n'avez pas conçu d'autre bien que la vie,

Et quoique nous disions, vous n'imaginez pas [730]

Qu'il soit pour nous un mal plus grand que le trépas.

Nous sommes pénétrés de maximes plus saintes,