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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 4.djvu/383

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À mes propres regards j'en suis moins criminelle ;

Mais aux vôtres, Seigneur, je suis une rebelle

Sur qui ne peut trop tôt tomber votre courroux, [1185]

Trop flattée à ce prix de sauver mon époux.

En me donnant à lui, j'ai conservé sa vie ;

Pour le sauver encore Inès se sacrifie :

Je me livre sans craindre, aux plus sévères lois ;

Heureuse, d'avoir pu vous le sauver deux fois ! [1190]

Alphonse

Non, non, quelque pitié qui cherche à me surprendre,

Même de vos vertus je saurai me défendre ;

Rebelle, votre crime est tout ce que je vois ;

Et je satisferai mes serments et les lois.


Scène V

Alphonse, Inès et ses deux enfants amenés par une gouvernante.

Inès

Eh bien, seigneur, suivez vos barbares maximes ; [1195]

On vous amène encor de nouvelles victimes.

Immolez sans remords, et pour nous punir mieux,

Ces gages d'un hymen si coupable à vos yeux.

Ils ignorent le sang dont le ciel les fit naître :

Par l'arrêt de leur mort faites-les reconnaître : [1200]

Consommez votre ouvrage ; et que les mêmes coups

Rejoignent les enfants, et la femme et l'époux.

Alphonse

Que vois-je ! Et quels discours ! Que d'horreurs

J'envisage !

Inès

Seigneur, du désespoir ; pardonnez le langage.