Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/127

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LES SINGES MATELOTS

Un navire chargé d’une peuplade singe,
Colonie amassée aux forêts de Narsinge,
Venoit d’arriver dans un port.
Le débit étoit sûr de cette marchandise ;
Le roi du pays l’aimoit fort.
Que ce fût bon goût ou sotise,
Avec lui tout son peuple avoit raison ou tort.
Le monde se conforme à l’exemple du maître ;
Et sur tout de la cour c’est-là le rudiment,
Le prince est enrumé ; le courtisan veut l’être ;
La mode en court dans le moment.
Nos marchands de magots, pour annoncer leur foire,
Dans la ville étoient descendus ;
L’équipage étoit allé boire ;
Les singes restoient et rien plus.
Leur doyen se leva, capable personnage :
Camarades, dit-il, je médite un bon tour.
Dérobons-nous à l’esclavage,
L’occasion nous rit, hâtons nôtre retour.