Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/179

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LE CASTOR ET LE BŒUF

Nos seigneurs les castors tenant le canada,
Se piquent d’être un peuple libre,
Tel que le fut aux bords du tibre
Ce peuple conquerant que Romulus fonda.
Un de ces messieurs amphibies,
Par certain bœuf un jour fut traité de grossier.
Grossier ! Mon ami, tu t’oublies,
Dit le castor : mais sans t’injurier,
Raisonne un peu. Sur quoi fondes-tu ton reproche ?
Et quelle est à ton sens notre grossiereté ?
C’est, dit le bœuf, que vous fuyez l’approche
De l’homme vrai docteur de la civilité.
Entre vous nuls traités ; aucunes alliances :
C’est pourtant l’animal favori des sciences.
Les autres animaux, les plus sages s’entend,
Chez lui vont prendre leurs licences ;
Il en sçait plus que nous ; partant,
Vivre avec lui, c’est se polir d’autant.
Il est vrai que de vous on compte des merveilles,
Et tous les jours à mes oreilles
On en dit tant que je n’y conçois rien.
Ils disent tous que vous bâtissez bien ;