Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/272

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LES MOINEAUX

Notre cœur veut avoir sa pleine liberté ;
L’ombre de contrainte le blesse ;
Et c’est un roi jaloux de son autorité,
Jusques à la délicatesse.
Cet objet me plaît ; mais sur tout
Ne m’obligez pas de m’y plaire.
Ordonnez-moi ce que je voulois faire ;
Vous allez m’en ôter le goût.
Eh ! Pourquoi cette loi m’est-elle rigoureuse
En me liant à mon plaisir ?
C’est que je n’y sens plus cette douceur flateuse,
Que je goûtois à le choisir.
En choisissant, je croi du diadême
Exercer les droits souverains.
Quelque ordre survient-il ? Je ne suis plus le même ;
Le sceptre me tombe des mains.
Je songe alors à secouer ma chaîne,
Impatient de rentrer dans mes droits :
L’objet de mon plaisir le devient de ma peine ;
Ma dépendance est tout ce que j’y vois.
Tout beau, me dira-t-on ; réprimez ce langage ;
Nos devoirs selon vous sont donc un esclavage ?
La loi qui les prescrit nous devroit allarmer.
Non pas ; car elle est pour le sage