Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/273

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La beauté même qui l’engage ;
Et c’est choisir que de l’aimer.
Dans un bois habité d’un million d’oiseaux,
Spacieuse cité du peuple volatile,
L’amour unissoit deux moineaux
Amour constant, quoique tranquile ;
Caresse sur caresse, et feux toûjours nouveaux ;
Ils ne se quittoient point. Sur les mêmes rameaux
On les eût vûs perchés toute la matinée,
Voler ensemble à la dinée,
S’abreuver dans les mêmes eaux,
Célébrer tout le jour leur flâme fortunée,
Et de leurs amoureux duos
Attendrir au loin les échos.
Même roche la nuit est encor leur hôtesse ;
Ils goûtent côte à côte un sommeil gracieux ;
L’une sans son amant, l’autre sans sa maîtresse,
N’eût jamais pû fermer les yeux.
Ainsi dans une paix profonde,
De plaisirs assidus nourrissant les amours,
Entre tous les oiseaux du monde
Ils se choisissoient tous les jours.
Tous deux à l’ordinaire allant de compagnie,
Dans un piége se trouvent pris ;
En même cage aussi-tôt ils sont mis.