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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/354

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LA CHATE ET SES PETITS

Une châte encor du bel âge,
Coquête de profession,
Pour vivre libre et sans soins de menage
Mît ses enfans en pension.
L’un chez Ratapon, chat sauvage,
Et l’autre chez Mitis bourgeois du voisinage,
Remettant à leurs soins cette éducation.
Adieu, mes amis, mes comperes ;
Et vous, adieu mes fils, soyez honnêtes gens ;
Regardez ces messieurs en peres ;
Et vous, traitez les en enfans.
Ils se quittent ; l’aîné suit le matou champêtre ;
En quelques mois il devient grand chasseur ;
Vit de lapins qu’il prend en traître ;
Se bat souvent, est toûjours l’agresseur ;
Prend enfin toute la noirceur
Et la cruauté de son maître.
Le cadet suit Mitis qui va le présenter
Du même pas à son hôtesse ;
La suppliant que de grace elle laisse
Le petit chat sous ses toîts habiter :
Des yeux il semble lui promettre
Qu’on la servira bien et qu’on vivra de peu.