LE MEDECIN ASTROLOGUE
Enfans de Galien, pardonnez l’apologue.
Un medecin, qui pis est, astrologue,
De son valet Colin, jeune, frais, vigoureux,
Fit l’horoscope ; et vit, selon son thême,
Qu’en même jour le valet et lui-même,
Seroient de maladie emportés tous les deux.
Il calcule vingt fois, rouvre maint et maint livre ;
Voit par tout son arrêt. à peine il doit survivre
Colin d’une heure. Or jugez si Colin,
Du moins si sa santé fut chere au médecin.
Il s’attache à ses pas, ne le perd plus de vûe.
Que sens-tu mon enfant ? Comment va la vigueur ?
Et, dieu t’assiste de grand cœur,
À chaque fois qu’il éternue,
Il veut le voir manger ; lui mesure son vin ;
Le soir lui fait faire un potage ;
Dort-il mal ? Dès le grand matin
Le petit clistere anodin.
Par son regime exact, le docte personnage
Fait tant et tant que de Colin,
Moitié diéte, moitié chagrin,
Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/80
Apparence
Cette page n’a pas encore été corrigée