Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/90

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Celui qui tient le fruit doit seul nous regenter.
Un long vive le roi fend soudain les nuées ;
L’adresse malheureuse attira les huées.
Oh, oh ! Le plaisant jugement !
Dit un vieux singe ; imprudens que nous sommes,
C’est par trop imiter les hommes :
Nous jugeons par l’évenement.
L’histoire des singes varie ;
Sur cet évenement il est double leçon.
Pour l’un et l’autre cas la nation parie ;
Je doute aussi du vrai ; mais l’un et l’autre est bon.
On dit que le vieux singe affoibli par son âge
Au pied de l’arbre se campa.
Il prévit en animal sage,
Que le fruit ébranlé tomberoit du branchage,
Et dans sa chûte il l’attrapa.
Le peuple à son bon sens décerna la puissance ;
On n’est roi que par la prudence.