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Page:Houdar de La Motte - Œuvres complètes, 1754, tome 9.djvu/98

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Je laisserois la fable toute nuë
Qu’ici plus d’un ciron se reconnoîtroit bien !
Tel qui se grossit à sa vûë,
Se croit quelque chose, et n’est rien.
LA LOTTERIE DE JUPITER

Le bon Jupin voulant gratifier
La race humaine sa servante,
Par Mercure fit publier
Une ample lotterie, en tous biens abondante.
Tout billet étoit noir ; chacun devoit gagner,
Point de sixiéme à prendre sur l’espéce
Les premiers lots étoient les plaisirs, la richesse,
Les honneurs, le droit de regner.
Le gros lot étoit la sagesse.
Le plus grand nombre, et les moins bien traités,
De l’espérance au moins devoient être dotés.
Quant au prix des billets, c’étoit des sacrifices ;
Les autels étoient les bureaux.
Jupiter reçut tout, chevres, moutons, genisses,
Pigeons, jusques à des gâteaux,
Et moins encor, car le dieu favorable,
Aimant les hommes comme siens,
Ne voulut pas que le plus misérable
Demeurât exclus de ses biens.
J’oubliois