Page:Houssaye - La Terreur blanche en 1815, paru dans Le Temps, 2, 7 et 9 février 1905.djvu/11

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corent cafés et boutiques et on les remplace par des drapeaux blancs. Un buste de l’empereur pris dans le café Ricard est brisé, réduit en poussière. On s’ameute devant les différents postes, on somme les soldats de crier : Vive le roi ! d’ôter leurs cocardes, de livrer leurs armes. Provoqués et menacés, quelques soldats font feu. Des hommes roulent sur le pavé. Une patrouille de chasseurs à cheval charge à fond la foule, la culbute, la sabre. Les rassemblements se reforment au loin ; le peuple crie : Vengeance ! À mort ! On lance des pierres, des tessons de poteries et de bouteilles ; on s’arme de bâtons, de fusils, de pistolets, de sabres, de couteaux. On sonne le tocsin à tous les clochers pour appeler les miquelets réfugiés dans les environs.

Avec sa petite garnison (quinze cents hommes, tous très animés contre les Marseillais), le général Verdier pourrait tenter de réduire la sédition. Le devoir militaire le commande. Mais Verdier raisonne sur son devoir. Faut-il répandre le sang, faut-il se compromettre pour retarder de quelques jours la restauration royaliste qui est inévitable ? Le préfet Frochot, le comte Puyraveau, lieutenant de police, ne sont pas moins hésitants. Borelli, colonel de la garde nationale et royaliste ardent, conseille de faire