relever par la milice tous les postes de la ligne, la seule vue des soldats exaspérant le peuple. Verdier qui une heure auparavant a écrit dans sa proclamation : « Il sera fait des dispositions militaires pour le maintien de la tranquillité publique », donne l’ordre de remettre les postes à la garde nationale, laquelle pactise ouvertement avec les émeutiers. Les soldats, escortés par des piquets de miliciens qui les protègent contre la populace, regagnent les casernes et le fort Saint-Jean. Marseille reste à la rébellion.
Les royalistes célèbrent leur victoire par des farandoles, des illuminations et des assassinats. On égorge dans les rues des soldats isolés, des officiers en retraite, des fédérés, des bourgeois et des artisans suspects de bonapartisme. Un agent de police est reconnu dans une auberge ; on le tue à coups de sabre, l’on traîne son cadavre au ruisseau. Un officier se réfugie dans une cave ; cinq ou six individus l’y poursuivent et le découvrent caché entre deux tonneaux. Un tambour de la garde nationale lui plonge son sabre dans le ventre, et, le coup donné, retourne l’arme dans la blessure. C’est ce qu’il appelle le tour de clé.