Le général Verdier, de plus en plus troublé, décida d’évacuer Marseille. À minuit, le mouvement commença. Mais la nouvelle de ce départ s’était ébruitée. Des royalistes s’embusquèrent aux fenêtres et aux soupiraux des caves de la rue de Rome. La colonne dut défiler sous une grêle de balles. Hors la ville, autres embuscades. Les paysans tiraient par dessus les petits murs qui entourent les jardins des bastides. Les soldats ripostaient tout en marchant, mais dans l’obscurité et sur des ennemis abrités leur feu était sans effet. Dans cette retraite, Verdier perdit cent hommes et quatorze chevaux.
À deux postes de Marseille, la colonne croisa Murat qui ignorant encore tous les événements avait quitté sa villa des environs de Toulon pour aller habiter près de Lyon. Quelques soldats le reconnurent. On cria : « Vive Murat ! Vive le roi de Naples ! » et, les rangs rompus, officiers et soldats l’entourèrent pour le prier de se mettre à leur tête afin d’aller châtier les Marseillais. Les soldats étaient avides de vengeance, et ils n’avaient plus nulle confiance en Verdier à cause de sa conduite équivoque qui avait abouti à faire tuer cent de leurs camarades dans la retraite de nuit. Murat déclina ce commandement qu’il n’avait aucun droit d’exercer ; il calma la troupe qui se remit en marche vers Toulon.