Page:Houssaye - La Terreur blanche en 1815, paru dans Le Temps, 2, 7 et 9 février 1905.djvu/25

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calme ; mais sans assez réfléchir, il céda au conseil du préfet. Les voitures retournèrent à Avignon, aux cris de triomphe et de mort des forcenés qui se pressaient autour. Place de l’Oule, on réussit à faire rentrer dans la cour de l’hôtel Brune et ses aides de camp. La grande porte, massive et résistante, aussitôt refermée sur eux, on mena Brune dans la chambre no 3, au premier étage. Cette pièce, qui prenait jour sur la cour, était desservie par un long corridor à l’extrémité duquel se trouvait un balcon donnant sur la place. Il resta là, séparé de ses aides de camp, car pour sauver du moins ceux-ci on les avait poussés et enfermés à clef dans une salle du rez-de-chaussée.

Pour contenir la foule qu’ameutent les cris des égorgeurs, le préfet invite le major Lambot à rassembler tout ce qu’il y a de force armée. On bat la générale. Mais les gardes nationaux, les chasseurs d’Angoulême, les fantassins du Royal-Louis partagent les fureurs populaires ; ils sont plus disposés à seconder l’émeute qu’à la réprimer. On ne peut compter que sur la gendarmerie, mais quand cette troupe débouche au fond de la place elle est accueillie par des clameurs. Lambot, avant tout soucieux de conserver sa popularité, donne lui-même l’ordre aux gendarmes de se retirer.