Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/190

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portant, comme les suivantes antiques, les baumes parfumés qui guérissent les blessures. Pauline de Flaugergues était la fille d’un magistrat qui, tour à tour soldat, tribun, écrivain, traversa la Révolution et resta ce que Dieu l’avait fait : un honnête homme, quelque peu poète. Pauline suivit Henri de Latouche à Aulnay, et c’est là, dans ce nid préparé avec sollicitude, dans ce paradis terrestre qu’on appelle la Vallée-aux-Loups, que le poète fit une réalité de tous ces songes tissus de roses et de pourpre qu’on apprend si bien maintenant à mépriser. Le serpent avait droit de venir, sous la figure de quelques amis, visiter le nouveau paradis. David d’Angers était l’un des plus fidèles et des plus constants visiteurs.

On s’aimait, on rêvait, on écrivait un poème, un roman, une satire, et la vie s’écoulait si douce, si fleurie, si bénie, que l’idée seule d’une habitude rompue, d’un départ, donnait froid au cœur. On ne pouvait se rési-