Page:Houssaye - Souvenirs de jeunesse, 1830-1850.djvu/251

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qu’il improvisait place Vendôme où toute son œuvre eût été en jeu. Cependant, dans la nuit, il vit bien que c’en était fait.

Ses amies ne l’avaient pas quitté. Il y avait là une sœur bien-aimée qui était venue du fond de l’Allemagne ; la princesse Czartoriska, la princesse Marceline de Vienne, la princesse Potocka et madame Solange Clésinger ; deux amis de Chopin : Gutmam, son cher élève, et Clésinger, son cher artiste. Le mourant supplia la princesse Potocka de chanter le psaume de Stradella. La princesse comprit qu’il fallait bercer Chopin dans cette suprême poésie de la musique sacrée : elle se mit au piano et chanta le psaume avec des larmes dans les yeux et des larmes dans la voix.

Tout le monde pleurait, Chopin lui-même ; mais pour lui c’étaient des larmes de joie. Pendant tout le chant il avait vu apparaître les archanges de la résurrection.

Il mourut en embrassant Solange.

Ce grand musicien qui partait si jeune :