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POINTE-AUX-ANGLAIS — ÎLE-AUX-ŒUFS, ETC.

déjà réussi à cultiver l’avoine et les pois. Quant aux patates, elles viennent très bien partout, et on les cultive en abondance.

Peu de personnes se livrent ici à la pêche, presque tout le monde étant employé à la coupe et au sciage du bois de commerce. On pêche le saumon, du côté de l’ouest, à mi-chemin depuis la Pointe-aux-Anglais, et à l’est, en bas de Caouis, îles situées à l’extrémité est de la baie des Homards, qui se trouve entre ces îles et le cap où est bâtie l’église de Pentecôte. Dans cette baie, non loin des Caouis, on essaye cette année (1895) la pêche des homards et leur mise en conserve. Quant à la morue, on a commencé à la pêcher vis-à-vis d’ici, en ces derniers temps, et non sans succès.

C’est l’industrie du bois qui a créé le village de Pentecôte. Il y a douze ans, il n’y avait là que deux familles (sans compter les quelques habitants des Cayes, vis-à-vis les récifs de même nom qui se trouvent du côté ouest de la baie des Homards). À cette époque, la société Gagnon et Frère (Thomas, résidant ici, et Antoine, de Québec) construisit une grande scierie, pour exploiter les forêts des alentours ; et cet établissement a réuni ici un fort noyau de population. Les limites à bois qui alimentent l’usine s’étendent depuis la mer jusqu’à 45 milles à l’intérieur des terres. L’épinette blanche constitue à peu près uniquement l’exploitation, le pin n’étant qu’en infime quantité. On scie le bois en madriers ou en planches ; il y a aussi des machines pour blanchir et « embouveter » le bois. Quatre ou cinq navires viennent chaque année prendre des chargements de bois, à destination de l’Angleterre, de l’Irlande, du Portugal, etc. Deux de ces navires d’outre-mer sont arrivés pendant notre séjour ici, et sont ancrés à l’entrée de la baie des Homards. L’importance des scieries des MM. Gagnon peut être appréciée par ce fait que, durant l’hiver de 1894-95, on a coupé 33, 000 billes ; la coupe de l’hiver précédent avait été de près de 40, 000. La descente de ces billes se fait par la rivière Pentecôte. Une centaine d’hommes sont à l’emploi de l’établis-