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Page:Huard - Labrador et Anticosti, 1897.djvu/13

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xiii
AVANT-PROPOS

conservent et se conserveront longtemps encore chez ces bons Labradoriens ?

Oui, j’aurais voulu que ce livre brillât des qualités qui attirent et retiennent le lecteur, afin que tous mes compatriotes apprissent à connaître de quelle importance est pour la province de Québec la possession de cette grande région maritime du Labrador, et de quelles sympathies sont dignes ces frères ignorés qui contribuent pourtant, eux aussi, à maintenir les traditions nationales dans ce beau patrimoine que nous avons reçu de nos ancêtres !

Mais que parlé-je de qualités littéraires ! Si dans la mère patrie elle-même il n’est donné qu’à un petit nombre d’écrivains de tirer le meilleur parti de ce trésor incomparable de la langue française, c’est déjà un grand mérite, de ce côté-ci de l’Atlantique, de parler et d’écrire le français avec un certain degré de pureté et de correction. Peu d’entre nous y réussissent pleinement. Ce but est même pour nous si difficile à atteindre, que l’on a coutume d’accueillir avec indulgence ceux des nôtres qui osent affronter les hasards de la publicité.

Je compte donc que l’on ne me refusera pas cette indulgence. Et même, l’avouerai-je ? je ne suis pas loin d’espérer que je vais charmer mes lecteurs, si Pline le Jeune a eu raison de dire : Historia quoquo modo scripta delectat. Voilà qui est rassurant ; et je tiens cet écrivain pour le plus aimable des philosophes. Il est vrai que, avant de lui témoigner tant de gratitude, il y aurait à voir si la raison qu’il donnait de son aphorisme a autant de valeur aujourd’hui que de son temps. Sunt enim, ajoutait-il, homines natura curiosi, et quamlibet nuda rerum