cognitione capiuntur. Cela toutefois fait trop bien l’affaire d’un écrivain de mon espèce, pour que je m’efforce à découvrir que, durant le cours des dix-huit siècles qui se sont écoulés depuis les deux Pline, les hommes ont réussi à se corriger d’un défaut si précieux pour les historiens.
Mais on me chicanera peut-être sur l’étendue de cet ouvrage. Je me garderai de répliquer avec humeur que, si l’on trouve le livre trop long, on n’a qu’à ne pas le lire, liberté dont un grand nombre, je le sais bien, sauront parfaitement se prévaloir. J’avouerai plutôt que, en effet, ce volume est considérable, et j’invoquerai sans crainte les circonstances atténuantes de ce prétendu forfait. Si l’on veut prouver que je ne sus jamais écrire, je prie donc que l’on ne tente pas de le faire en disant que je n’ai pas su me borner dans la composition de cet ouvrage. Car je prétends bel et bien que je suis resté dans des bornes encore assez étroites. Puisqu’il n’est pas de sujet si ingrat dont un habile homme ne puisse remplir des in-folio, qui dira que c’est trop de cinq cents pages pour traiter, à tous les points de vue qu’il faut, d’un pays de six à sept cents milles de longueur, et sur lequel on n’a presque pas écrit encore ? Il m’aurait été facile d’augmenter de beaucoup l’étendue de cet ouvrage, si j’avais cru qu’il fût utile d’épuiser toutes les informations que j’ai pu recueillir.
J’entends les érudits, les gens pour qui la géographie du Canada n’a pas de secrets, me demander compte de la justesse de ce titre de « Labrador » que j’ai mis en tête de mon livre. J’avoue que c’est assez l’usage aujourd’hui de réserver le nom de Labrador à la partie orientale de la côte du golfe, la partie occidentale, en deçà de Natashquan, étant