CHAPITRE ONZIÈME
Île d’Anticosti
La mer est calme comme de l’huile ; pas un souffle de vent ne vient en rider la surface, et il faut avoir du toupet, semble-t-il, pour entreprendre une traversée d’une dizaine de lieues en de telles conditions. Nous sortons du havre de la Longue-pointe à force de rames, et heureusement la brise se met à souffler. La lune s’est levée, et nous nous avançons dans la longue traînée d’argent qu’elle répand sur les eaux. Nous passons bientôt près des îles où se sont réfugiés pour la nuit ces milliers d’oiseaux de mer que l’on voit courir tout le jour par troupes nombreuses. Mais ils n’en sont pas encore à l’heure du sommeil ; car leurs cris aigus, retentissant sur tous les tons, font le vacarme le plus assourdissant que j’ai jamais entendu. On croirait que les gibiers se racontent là leurs aventures de la journée.
Cependant la fraîcheur de la soirée et l’humidité de l’atmos-